Des yeux malveillants sont venus me lire, et ça je ne pouvais pas supporter.
J'ai déménagé, puis redéménagé, puis encore redéménagé.
Beaucoup de choses ont changé en moi, mais je suis restée la même.
J'ai grandi, évolué.
Mais je ne me suis pas trahie.
Aujourd'hui je viens ici pour vous annoncer que ma guerre personnelle est terminée.
Et que si je m'en suis si bien sortie psychologiquement, c'est en partie grâce à vous.
Vous m'avez lue, écoutée, comprise, conseillée, réconfortée.
Cette histoire est désormais terminée.
Maintenant je suis ailleurs et j'en raconte une autre.
Une autre qui ne ressemble pas à grand chose pour l'instant, mais qui a le mérite de m'aérer la tête.
Je nourris toujours les mêmes passions.
Les gens dont je vous parlais ici sont toujours près de moi.
Joueb m'a aidée à trouver en qui je pouvais avoir confiance.
Et Garfu, Christine, Sylvaine et Ninou sont quatre personnes en qui j'ai plus que confiance.
Je crois que sans elles je n'en serais pas là où je suis.
Je vous envoie à tous, des bouquets de fleurs, des remerciements en pagaille.
Cela faisait longtemps que je n'étais pas revenue ici, et je me sens apaisée.
Ce rose et ce bleu me conviennent parfaitement.
C'est beau, et cela me ressemble.
Me ressemble quand tu me regardes.
Je ne sais pas bien qui est ce tu.
C'est Sylvaine qui m'avait dit Quand tu t'émerveilles devant quelque chose ou quelqu'un, cette chose ou cette personne n'est belle que parce que c'est toi qui la regardes.
C'était pour moi le plus beau des compliments.
Merci à Indrae d'avoir pris soin de mon Joueb en venant passer un petit coup de balai de temps en temps.
Ça me touche beaucoup.
Je vous aime, tous et toutes.
Merci.
Je voudrais vous dire combien Elle est belle, quand Elle est surprise, quand Elle rit, quand Elle sourit, quand Elle est émue, quand Elle aime, quand Elle vit, tout simplement
Je voudrais vous parler de ce pourquoi je l'aime tant, de ces petits détails qui m'ont fait craquer dès le début, pour cette tendresse infinie qu'Elle a déclenché en moi
Je voudrais vous montrer toute sa bonté et tout le bien qu'Elle m'a fait
En ce jour où nos coeurs serrés par la séparation forcée célèbrent malgré tout, deux années d'Amour partagé.
J'ai toujours aimé le chiffre 14. Car je suis née un 14.
Mais je ne savais pas que j'allais envoyer ce message un 14 juin, ce message auquel Elle répondit le lendemain... Ce message qui allait, et nous ne le savions pas encore -mais le pressentions peut-être inconsciemment-, boulverser nos coeurs, nos habitudes, nos vies...
Je ne savais pas non plus que l'un des témoins de notre amour serait aussi ce chiffre 14, où je me suis tant rendue pour La rejoindre, pour vivre ces moments si beaux, ces moments que personne ne peut m'enlever, ces moments qui restent à jamais gravés en ma mémoire et en mon coeur.
Oui, en ce magnifique et pluvieux 14 juin, je voudrais Lui dire que je l'aime, de tout mon coeur, de tout mon corps, de tout mon être.
Moi je voudrais lui dire ça.
Et je pense que je lui écrirai, car comme je l'ai dit à la sirène "des ptits mots doux ne peuvent pas faire de mal".
-Chère madame M,
forcément ça fait un ptit pincement au coeur.
Il y a ce papier blanc sur la table, et plein d'images qui défilent dans ma tête.
D'abord un regard et un sourire.
À la sortie d'un spectacle de kermesse un petit mot, et des cheveux très courts, mais ce sourire, lumineux. Après toutes ces épreuves.
Une directrice et une femme forte, combative et souriante.
Ensuite il y a une voix. Et des paroles toujours bien dosées.
Une voix que je n'ai jamais tellement appréhendé.
Il y a ce jour où, juste avant le premier spectacle de "La compagnie (dé)coincée", je suis passée avec Éléonore près de vous et elle s'est exclamée "Aaaaah on va se marrer !", et, croyant qu'on vous appelait vous avez dit "oui ?".
Et aussi toutes les fois où on nous a confondues ce soir là...
"Auriez-vous vu Katia ?"
"Euh je crois qu'elle est dans sa loge..."
"Ah... On ne doit pas parler de la même...".
Et puis des paroles douces, émues, un peu tristes. Des phrases simples, courtes, mais encourageantes, et ce jour où vous m'avez serrée dans vos bras, en me disant que tout allait s'arranger.
Une autre image qui restera toujours en moi sera ce jour où vous êtes venue dans notre classe, en 2B, inquiétée par le discours de nos professeurs : "les 2B sont en pleine déprime, tout le monde pleure...", et que, debout derrière le bureau, à côté de Christine, vous aviez toutes deux ce même regard lumineux et étiez en train de nous donner la plus belle des leçons.
Ces années d'école primaire, de collège, de lycée ont été plus belles les unes que les autres, j'ai rencontré, grâce au Sacré-Coeur, les gens qui noircissent mon quotidien mais j'ai surtout rencontré des personnes fabuleuses, celles qui d'un regard, ensoleillent un jour de pluie, j'y ai vécu les pires et les meilleurs moments de ma petite existence et quand je pense que je commencerai l'année prochaine ma douzième année dans cet établissement, je n'éprouve aucun regret.
M. D est parti avant vous. C'est un homme formidable et son départ a semé la pagaille de l'autre côté de la rue. Je l'ai revu un jour dans la cathédrale et en le reconnaissant je me suis mise à pleurer (vous aurez sûrement remarqué ma capacité à m'attacher aux gens).
Voilà, c'est dans tous les sens, comme d'habitude avec moi, mais comme je ne reste pas indifférente par l'information donnée sur ce petit morceau de papier, je tenais à vous le dire.
Merci d'avoir donné tant de vous à ce lycée cher à mon coeur,
Merci de nous avoir tant écoutés, moi et les autres, de toujours nous avoir permis de nous exprimer,
Merci de nous avoir aidé à être meilleurs,
Merci de nous avoir tant appris,
Merci tout simplement d'être une si "belle personne",
il manquera désormais une couleur à la palette du Sacré-Coeur mais je suis persuadée que votre choix est le bon.
Avec beaucoup d'affection.-
Et sinon, euh, j'ai bien bien aimé le sujet de dissert.
Et aussi ma journée salée.
Je vous parlerais bien de la dernière de notre spectacle, vendredi soir...
Je vous dirais bien que les profs du Sacré-Coeur ils ressemblent à ça :
Que l'ambiance dans l'amphithéâtre était super super chaude...
Que j'ai eu un fou-rire énorme en entrant sur scène pour "en cloque" et pour "les choristes", et que je pleurais je pleurais je pleurais...
Qu'on était tous surexcités, surtout maman (elle a pas l'air comme ça) qui dansait comme une folle dans les couloirs
Que pour quelqu'un qui n'aime pas les fleurs, maman a été bien gâtée...
Que Q. a plombé l'ambiance avec ses adieux longs (et plus longs que "les fleurs du bien"...) et égocentriques... (et je le dis bien, moi je les trouve égocentriques, et ici j'écris ce que je veux, c'est chez moi, et jusqu'à hier j'étais encore tranquille...)
Et que ce soir du vendredi 9 juin restera mon préféré...
Bon maintenant je file prendre ma douche, m'habiller, manger et euh... Stresser !
Argh ! Il parait que de ces jours là, on s'en souvient toute notre vie...
Alors voilà, c'est marqué ici.
Suerte à tous les chicos qui sont dans le même cas que moi...
S'il y a bien une chose à ne jamais faire c'est la suivante :
sonner chez moi le dimanche après-midi,
entrer,
et s'asseoir sur le canapé (signe qu'on a l'intention de rester).
ILS errent lamentablement dans la maison, hypocrites et/ou coléreux, laids et/ou puants
Et
Je suis dans un état pensif de solitude qui me convient parfaitement et qu'il ne faut surtout pas perturber
(Et alors si je suis en train de regarder l'un de mes films préférés, on ne peut rien attendre de moi, vraiment rien. Je suis connectée sur la planète Elle, sur la bulle Nous, j'ai les pieds dans cet endroit qu'aucun de vous ne connaît et que je ne veux pas partager, et je tente d'échapper à LEURS effluves qui me soulèvent le coeur)
Oh erreur fatale.
La mauvaise herbe perverse et manipulatrice qui essaye chaque jour d'enrouler mes chevilles entre elles pour me détruire la tête et qui voudrait ensuite se précipiter avec un filet pour attraper les pensées judicieuses qui s'échappent de mes tempes t'éblouit.
J'aimerais écrire des choses légères
mais avec le temps qu'il fait et la dose de nerfs qui envahit mes cellules, mes veines, mes neurones, cela me semble impossible.
Je voudrais arrêter de réfléchir, mais sous toute cette lourdeur, mon cerveau marche à deux cent quarante kilomètres/heure. Et c'est pour ça que je n'arrive pas à dormir. Pour ça que je me sens mal. Pour ça que j'ai oublié comment faire pour pleurer. Pour ça que je m'évade vers d'autres regards, vers d'autres ciels, vers d'autres couleurs.
Ma chambre est dans un état désastreux. On ne voit même plus le tapis qui recouvre la moquette qui elle-même recouvre le parquet.
Des habits, des costumes, des mots bleus, des brouillons, des poèmes, des mélodies, des photos...
Mais déjà quand j'habitais au 135, j'étais bien connue pour être LA petite fille bordélique.
Est-ce le "simple" reflet des noeuds de mon cerveau, ou des noeuds du cordon qui relie mon trop gros coeur à celui de maman, ou est-ce juste un hasard ?
Je sais pas
J'ai envie de t'appeler mon oiseau des îles, mon chéri -c'est plus mignon que "ma chérie", enfin je trouve...-, mon amour.
J'ai envie de respirer l'odeur de tes cheveux qui brilleraient au soleil.
C'était bien ce matin, quand ils se pouillaient massacraient en jouant aux cartes et que moi j'étais allongée dans l'herbe, au soleil, les yeux fermés et que je rêvassais.
Dans cette position là je n'avais pas mal au dos et j'imaginais que tu étais là, à comater amoureusement sur moi.
Ma vision de toi était juste ta nuque renversée sur ma poitrine, ta nuque inondée de soleil, et ce baiser impossible (à moins d'être contorsioniste) qui brûlait et brûle encore mes lèvres.
Conscience de l'amour palpable dans l'air et surtout de nos regards trop appuyés pour résister.
Endormie au soleil...
Que mon regard divague, et mon corps s'abandonne, est-ce le soleil qui me chauffe un peu trop la tête ou bien est-ce vraiment toi que je désire, là, en cet instant délicieux ?
J'ai préféré ne pas ouvrir les yeux, et continuer d'oublier leurs voix criardes, continuer de les effacer de ma mémoire et ne garder que cette sensation douce et envahissante, oui, je sentirais presque tes cils sur ma peau, oh n'ai-je pas rêvé ?
Rêvé tant et tant de fois de cet instant d'amour unique, cet instant de solitude et d'ivresse à deux, l'ai-je tant rêvé qu'il existe enfin ou est-ce encore un enième rêve, un rêve de plus ?
De passer ainsi du concret à l'abstrait, de l'herbe mouillée à tes cheveux brillants sur ma peau rougie, de sauter de la réalité au rêve n'est que voyage habituel, voyage incessant que je fais chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde...
Ce voyage étoilé qui fait de chaque seconde de ma vie une seconde exceptionnelle.
Baiser ta nuque ensoleillée devient soudain mon obsession, je n'ai que ce baiser aux lèvres, je tends mes bras pour t'attraper pour glisser le long de ton corps et t'entendre rire d'un rire doux et tendre mais je brasse de l'air, du vide et j'ouvre les yeux, et tout est blanc puis blond puis bleu puis vert autour de moi, tu n'es pas là...
Je monte les trois étages qui mènent jusqu'à sa classe. C'est l'une de celles qui se trouvent en dehors des couloirs, sur le palier.
Il y a une porte à tirer. Là on se retrouve dans une toute petite pièce. Là il y a une autre porte à tirer qui donne directement, cette fois, sur la classe.
Je tire la première porte. Elle grince. J'écoute, je crois reconnaître sa voix mais je n'en suis pas sûre. Je referme et attends qu'elle sorte. Mais elle ne sort pas. Mince. Elle doit avoir deux heures à la suite dans cette classe là. J'ouvre à nouveau la porte. Puis la referme.
Puis attends encore un peu.
Pour finir j'ouvre la porte et ose rentrer dans la petite pièce sombre.
Il y a un trou dans l'espèce de peinturlure qui recouvre le carreau de la porte.
Un ptit trou. Mais je la vois. C'est bien elle.
J'écoute un peu ce qu'ils disent...
-Mais euh euh Madame !
-Oui ?
-On peut vous poser des questions ?
-Oui ?
-C'est qui la personne qu'est contre le mur à un moment ?
-Contre le mur ?
-Ben oui, avec d'autres filles ?
-C'est un garçon ou une fille ?
-Non mais elle a les cheveux courts mais c'est une fille..
-Vous savez, elle a les cheveux courts !
-Oui mais c'est une fille euh, t'as pas compris ?
-Elle joue dans les spice girls !
-Elle a des tatouages !
-Elle a des tatouages ? Et les cheveux courts ? Alors euh attends, Charlotte elle a les cheveux longs,
serai-je la prochaine qu'elle va citer ?
Et moi et moi ?
Je ris, je tremble, je souffle, je sue, et... Je frappe. Je la regarde par le trou mais je n'ai pas vu si elle avait réagi. Je refrappe.
Et là j'entre, et là c'est magique.
Christine est écroulée de rire, ils rient aussi tous, de surprise.
Moment excellent.
Je traverse la salle, je viens m'installer auprès de ma jolie ptite maman blonde, et à partir de là, ce n'est que du bonheur.
C'est du beau du très beau... On aurait voulu le faire, ça n'aurait pas été si beau.
Maman a sa petite robe de fleur des champs, elle sent le bébé comme d'habitude.
Je ne vais pas m'installer à côté de l'un des élèves, non, je lui pique sa chaise -car qui connaît bien Christine sait qu'elle ne s'asseoit jamais, je lui demande quand même la permission, hein, parce qu'elle m'a bien élevée- et m'installe, un peu de travers, face à eux et à côté d'elle, et là j'ai devant les yeux tout le bazar de son bureau, sa trousse vide et tous ses stylos étalés sur la table, ses lunettes de soleil, ses feutres pour le tableau, ses cours dans de grandes copies doubles à petits carreaux, les petites fiches qu'elle leur distribue...
Je la regarde, et peut-être qu'elle sent mon regard sur elle.
Et tout d'un coup c'est une nouvelle Christine que je vois. Enfin c'est toujours la même mais c'est la même avec quelque chose en plus.
Un nouveau profil d'elle que je ne connaissais pas.
Un nouveau bout de Christine.
J'essaye de le définir dans ma tête, depuis ce moment où j'étais dans l'escalier et elle juste en bas, devant la salle des profs. (À l'inverse de mon rêve) .
Avec elle je peux être spontanée. Je ne me sens pas enfermée, jugée, emprisonnée d'office.
Son regard est bienveillant.
Son oreille attentive écoute bien tout ce que je dis.
Et sa bouche rose n'ose me demander mais ce n'est pas grave puisque je lui dis.
J'avais déjà peur de voir ces deux mois ennemis (lapsus révélateur : comme je suis fatiguée je fais des fautes d'orthographe et j'écris "ennemis" au lieu de "et demi"...) se pencher vers moi, vides et menaçants et me broyant le coeur.
Et puis tinlinlin. Changement de programme.
Moi qui avais tellement peur de tourner en rond, de LES voir le matin et le soir, je ne serai finalement pas là de l'été.
Je me sentais un peu honteuse quand mes tantes me disaient "Quoi ? Tu n'as pas de travail pour cet été ? Mais t'es une feignasse !".
Elles ne pourront plus dire ça.
Je pars un mois m'occuper de mes jumeaux préférés, Paul et Vincent, qui vivent habituellement à Madrid mais qui, comme chaque été, vont passer leurs vacances sous le soleil de Narbonne.
Bon, après, il y a le plus dur, deux semaines avec EUX dans un trou paumé.
Et ensuite, il serait possible que je reparte pour deux semaines à l'île de Ré, garder d'autres enfants que je ne connais pas, cette fois.
État second
Là je voudrais bien vous parler du spectacle, vous dire que tout s'est bien passé, que des gens sont venus me voir pour me féliciter, que Nadège avait une perruque blonde et qu'elle était trop mignonne, que Garfu a super bien assuré la technique, que j'ai mangé un happy meal et que j'ai gagné un pistolet à eau, que les larmes m'ont brûlé les yeux jusqu'à ce que j'attrape les mains de Christine et que cette valse improvisée me libère un peu le coeur, enfin bref... j'aimerais bien tout décrire, mais je n'en ai pas la force, ni même l'envie.
Juste dire que cette date irréelle car tellement idéalisée du mercredi 24 mai est passée.
Et que ma tristesse, elle, est revenue.
Je me sens dans un état bizarre, je ne sais pas quoi faire de mon corps, je voudrais qu'il n'y ait qu'une longue nuit qui me sépare d'Elle, je voudrais me tourner et me retourner dans mes draps, dans ce monde en noir et blanc qui me tombe dessus le soir, je voudrais me tourner et me retourner et soudain La trouver, trouver Ses mains que je cherche partout, trouver Son corps que je reconnais, sentir Son souffle dans ma bouche, Son souffle sur mon front, sur ma nuque, sur ma peau, laisser aller nos corps dans des mouvements souples et presque aquatiques et se chercher et se trouver, et faire naître un arc-en-ciel de couleur de nos caresses, et lui murmurer de toutes mes cellules combien je l'aime, et ne plus jamais nous quitter.
Aux délices des vampires
C'est un petit sparadrap de l'autre côté de mon coude droit avec un petit coton qui ferait grincer les dents d'Eugénie. Sur ce petit coton il y a un point rouge/marron et dans le laboratoire il y a six petits tubes de moi, de mon sang rouge, foncé, épais, six petits tubes qui vont même aller jusqu'à Paris pour savoir, au final, si je suis vraiment vraiment allergique à la moutarde.
C'est une idée qui me plaît ça, qu'un petit bout de moi aille se balader à Paris...
Non, je ne suis pas tout à fait seule.
Mais en même temps si.
J'ai ma Maman de substitution qui est de plus en plus présente dans mon quotidien et ça me sauve. Je suis sa "chrapule poétique avec un coeur gros comme ça, tellement gros que le cordon qui le relie à "maman poule" fait quelques noeuds...". J'aime bien quand elle remarque tous les petits détails et qu'elle ne le dit pas tout de suite, mais après, ailleurs.
Et puis la présence de ma formidable prof de français.
"Marie, vous attendez un moment, j'ai à vous parler".
Elle attend que les autres soient sortis.
Et même si je bégaille un peu parce que j'ai pleuré toute la matinée, même si mes phrases sont un peu maladroites, je sais à ce moment qu'à elle, et uniquement à elle, je peux tout dire. Elle me regarde de ses yeux brillants, rêveurs mais confiants, me confirmant que bien sûr, on a déjà gagné, et que de toutes façons, on n'empêche pas deux personnes de s'aimer.
D'autres personnes sauront m'écouter et me comprendre, Christine bien sûr, mais elle aussi.
"Je comprends votre douleur. Je comprends très très très bien même".
Je le sais.
Je n'ai rien besoin de dire.
Elle comprend.
Cette petite discussion me fait du bien.
Je la regarde s'en aller, mon photophore avec des petits poissons dans son sac, elle vit sa vie, elle ne demande rien à personne. Et là soudain, c'est comme si elle était de ma famille.
Celle de substitution bien sûr.
"Tu es de ma famille, de mon ordre et de mon rang, celle que je choisis, celle que je ressens...".
Et puis ensuite je croise maman, alors cette fois, c'est bon. ça va quand même beaucoup mieux.
Tous ces visages que j'aime ou que j'aime moins.
Tout ceux que je vois défiler le matin, le midi, l'après-midi, ces visages qui m'inspirent de la tendresse, de la colère, du rire, du dégoût, de la douceur, de la compassion, mais jamais vraiment de l'indifférence.
Comme le dit Maman, mon coeur est gros gros gros, "prêt à casser", il est juste sous ma peau, si tu m'effleures tu le touches.
J'écoute "les fleurs du bien" en boucle.
Cet après-midi j'avais l'oral blanc de français.
Je voulais absolument tomber sur "Orphée" de Jean Cocteau. Mais en fait, c'était évident que j'allais tomber dessus. Même si BBB (BB Brune) n'avait pas pris nos textes dans l'ordre, même si elle avait tout mélangé, même si même si même si, et ben c'était écrit.
Je DEVAIS tomber sur ce texte. C'était lui. C'était évident. Inévitable.
Pas juste une préférence, non. Ni un vague pressentiment, ou un calcul. Non non non.
C'était le destin.
Je pense que le destin sera nettement moins présent demain matin pour l'heure et demi de SVT et de Physiques. Mais peu importe.
De toutes façons, elle a dit que je n'avais pas de souci à me faire.
Et elle a aussi dit "Mais ILS se rendent quand même compte qu'au niveau scolaire ça va plutôt bien pour vous ?".
Haha. ILS sont bêtes.
Mais ça ne m'empêche pas de souffrir.